Soup joumou : Un héritage de liberté et de fierté haïtienne

Chaque peuple a ses symboles, ces éléments qui traversent le temps et rappellent l’identité, l’histoire et la résilience d’une nation. Pour Haïti, Soup Joumou est un emblème de liberté et de résistance. Dans le cadre de l’initiative Sagesse Lakay, l’ambassadrice Auphinia AUGUSTIN s’est donné pour mission de transmettre aux nouvelles générations le sens profond de ce mets emblématique.

L’origine de Soup Joumou remonte à l’époque coloniale, où les esclaves haïtiens préparaient cette soupe raffinée pour leurs maîtres français sans jamais pouvoir la déguster. Ce n’est qu’après la proclamation de l’indépendance, le 1er janvier 1804, que les Haïtiens se sont approprié ce plat comme un symbole de leur liberté. Depuis, boire Soup Joumou chaque début d’année est devenu un rituel de commémoration et de fierté nationale.

À travers Sagesse Lakay, Auphinia AUGUSTIN veut que chaque Haïtien, où qu’il soit, comprenne ce que représente réellement Soup Joumou. « Ce n’est pas qu’une simple soupe, c’est l’héritage de notre combat pour la liberté », affirme-t-elle avec conviction. La lauréate du Prix PEPA 2024 explique aussi que beaucoup de jeunes connaissent la tradition sans en comprendre toute la portée : “Ils savent que chaque 1er janvier, on boit la soupe, mais savent-ils pourquoi nos ancêtres l’ont rendue si précieuse ? Chaque cuillerée raconte une histoire, chaque bol partagé symbolise la victoire d’un peuple”.

La native de Delmas insiste sur l’importance de préserver cette tradition : selon elle, “Si nous cessons de raconter cette histoire, nous risquons d’oublier ce que nous avons traversé. Notre rôle est de faire en sorte que la mémoire de notre lutte ne disparaisse jamais”. Elle souligne aussi un fait méconnu : la courge (joumou), ingrédient principal de la soupe, est cultivée dans plusieurs pays. « Savez-vous que la Chine est le plus grand producteur de joumou au monde ? », interroge-t-elle, avant de préciser que les États-Unis et l’Inde suivent de près. Toutefois, elle rappelle que la variété kabocha, souvent utilisée dans la Soup Joumou, trouve ses racines dans la Caraïbe, où Haïti joue un rôle clé dans la transmission de cette tradition culinaire.

Pour Auphinia AUGUSTIN, Soup Joumou ne se résume pas à une recette, mais à une tradition de partage et de transmission. Elle raconte avec émotion comment, chaque année, des familles entières se rassemblent pour préparer cette soupe avec amour. “Dans chaque foyer haïtien, c’est un moment unique. On coupe les légumes ensemble, on discute, on rit. Même ceux qui ne peuvent pas en préparer reçoivent toujours une assiette d’un voisin ou d’un proche. C’est une tradition de solidarité qui unit notre peuple”, confie-t-elle.

Même en diaspora, cette coutume reste incontournable. “Peu importe où un Haïtien se trouve dans le monde, il fera tout pour boire Soup Joumou le 1er janvier. Ce n’est pas une simple soupe, c’est une affirmation d’identité”, ajoute-t-elle avec fierté.

La Soup Joumou a non seulement traversé les siècles, mais elle a aussi gagné une reconnaissance internationale. En 2021, l’UNESCO l’a inscrite sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité, soulignant son importance dans l’histoire et l’identité du peuple haïtien.

Pour l’ambassadrice de PEPA Education Agency, Auphinia AUGUSTIN, cette reconnaissance est une fierté, mais aussi une responsabilité. “Si le monde entier reconnaît aujourd’hui l’importance de notre soupe, il est de notre devoir, en tant qu’Haïtiens, de continuer à la célébrer, à la raconter et à la transmettre”, dit-elle avec détermination.

À travers Sagesse Lakay, elle encourage chaque Haïtien à partager l’histoire de la Soup Joumou avec la nouvelle génération, pour que jamais cette tradition ne se perde. Elle rappelle que chaque bol dégusté est un hommage aux ancêtres et un acte de transmission du flambeau de la liberté. “Ce n’est pas seulement une soupe, c’est un héritage. Nous devons nous assurer que nos enfants et petits-enfants comprennent pourquoi nous la préparons avec autant d’amour chaque 1er janvier”, conclut-elle.

Géraldine Alcénat PÉPÉ