Mettre en avant ce qui est positif
“Vous vous changez pour l’autre ? Vous choisissez vos vêtements en fonction de lui (d’elle) ? Vous n’allez plus voir que des films qui lui plaisent ? Vous ne cuisinez que ce qu’il (elle) aime ? Vous devenez un prolongement de lui (d’elle). Comment avoir du désir pour lui (elle) puisqu’il (elle) est devenu une partie de vous ?”
“L’intelligence du cœur”, tel est le titre d’un livre d’auto-assistance écrit par l’autrice française Isabelle Filliozat. Dans ce titre, cette dernière nous conseille sur divers sujets du domaine des émotions et nous aide à ne plus nous prendre la tête avec les sentiments de culpabilité, de manque de confiance et toutes les insécurités psychiques qui peuvent nous empêcher d’avancer dans la vie ou même dans l’amour, qui sait!
FILLIOZAT, Isabelle. L’intelligence du cœur. 2013. Marabout Collection. (p. 316-329)
Osons lire dix pages avec Ambassadrice Chasta DOUCHARD
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Le Discours d ‘un roi raconte la manière dont un homme banal, au contact peu banal, a aidé un prince bègue à devenir le roi qui allait rassembler toute une nation.
Le prince Albert, duc d’York, avait un problème de bégaiement qui lui gâchait la vie. Il avait du mal à lire des histoires à ses enfants, à prononcer des discours et à s’exprimer à la radio, toute récente invention de son époque. À la recherche d’un traitement, le prince, surnommé Bertie par sa famille, rencontra un orthophoniste australien, Lionel Logue, aux méthodes peu conventionnelles, et pour cause : selon lui, le bégaiement avait une origine psychologique tout autant que physiologique.
Le film montre la réticence du prince à l’égard de Logue et la tension qui monte entre les deux hommes à mesure que l’enjeu devient plus important, puisque le prince est intronisé sous le nom de George VI et qu’une guerre mondiale s’annonce.
Finalement, dans un moment capital où ils se préparent au couronnement, le futur roi craque et exprime toutes ses peurs : celles de faillir devant son peuple et de devenir la risée du monde entier.
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« Bertie, intervient Logue, vous êtes l’homme le plus courageux que je connaisse. » Le prince s’interrompt et réfléchit au poids de ces mots. Ils présagent un bouleversement dans sa vie.
Si le philosophe Ralph Waldo Emerson avait raison de dire qu’« à l’origine de toute action, il y a une pensée », Logue a mis en œuvre la meilleure stratégie d’influence. Il a exprimé une pensée qui n’avait jusqu’alors jamais été envisagée. Bertie, le prince bègue, n’était pas un homme faible. Il n’avait rien d’un tocard. Toutes les moqueries qu’il avait endurées et l’image qu’ il avait de lui-même falsifiaient la réalité. Il y avait autre chose en lui, une vérité plus profonde, quelque chose de bien … et peut-être même de grand.
Bertie décida de s’en emparer et parvint à devenir un autre homme, parce qu’une personne avait vu en lui quelque chose que ses faiblesses avaient caché aux autres.
Il est intéressant de comparer la démarche de Logue avec celle de Ron Schiller, l’ un des responsables de la radio américaine NPR, contraint de démissionner après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il tenait des propos diffamatoires sur un parti politique dont il ne partageait pas les opinions. Logue et Schiller ont adopté deux approches différentes : c’est avant tout une affaire de choix.
Ni Bertie ni aucun parti politique ne sont exempts de défauts. Ce n’est pas comme si Logue avait à défendre un sujet plus vertueux que Schiller : tous deux pouvaient trouver matière à critiques.
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Mais Logue a choisi d’actionner le bon levier d’influence, celui qui tient la dignité humaine en plus haute estime. Schiller, lui, s’est oublié et a oubllié ses semblables. Il n’est pas difficile de savoir lequel d’entre eux a fait le choix le plus judicieux.
La parabole de la brebis égarée nous parle d’un berger qui a la responsabilité d’ un troupeau de cent têtes. Un soir, rassemblant ses brebis, il constate qu’il manque l’une d’entre elles. Une seulement. Les quatre-vingt-dix-neuf autres sont en sécurité. Que décide le berger ? De prier pour que sa brebis rentre avant qu’un loup ne la dévore? Non, il conduit son troupeau à l’enclos et part à la recherche de l’animal égaré. Cette brebis a tant d’importance à ses yeux qu’il ne peut envisager de l’abandonner.
Réfléchissez au message qu’une telle attitude envoie, non seulement à la brebis égarée mais au reste du troupeau qui compte sur le berger pour assurer sa subsistance et sa protection. Et maintenant, imaginez que vous envoyiez le même message à ceux que vous voulez influencer. Leur avez-vous fait savoir à quel point ils comptent pour vous? La force de ce principe simple, vécu au quotidien, est immense.
Nous avons tous le désir inné et insatiable de savoir que nous sommes importants, que nous comptons. Pourtant, de nos jours, répondre à ce besoin est l’ une des choses les plus ardues.
Comme nous pouvons être obsédés par des sujets de peu d’ importance ! Toutes ces semaines de notre vie passées à commenter le dernier look de telle célébrité ou le dernier faux pas de tel sportif… Toutes ces heures à observer les faits et gestes tapageurs d’un groupe de jeunes réunis entre quatre murs … Et même si nous ne nous laissons pas happer par les gloses parfois hystériques de la culture de masse, le temps peut nous manquer.
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Les sollicitations sont si nombreuses que nous peinons à approfondir quoi que ce soit. Lorsque nous sommes assaillis de SMS, que nos messageries débordent et que les réseaux sociaux ne nous laissent aucun répit, même l’être cher, qui fut un temps l’objet de toutes nos attentions, peut parfois nous déranger. Et puis il y a les enfants, les grands-parents, les voisins, etc. Qui a le temps de faire des compliments, sauf peut-être au voisin à propos de sa nouvelle voiture? C’est rapide et facile.
Le problème est que cela peut aussi être trivial et insignifiant. Voilà pourquoi ce principe a une telle importance aujourd’hui. Il ne faut pas confondre compliment et flatterie. La différence? La sincérité de l’intérêt que l’on porte.
Un jour, un jeune étudiant débraillé a demandé conseil à Mohamed Ali. Il n’arrivait pas à se décider : devait-il continuer ses études ou partir à la conquête du monde-option qui avait manifestement sa préférence? « Reste à l’université, lui conseilla Ali. S’ils ont réussi à faire de la pénicilline avec du pain moisi, ils arriveront bien à faire quelque chose de toi ! »
La réponse d’Ali ne manquait pas d’humour. Mais derrière cette apparente légèreté, il avait compris ce que ce jeune homme avait dû entendre toute sa vie et il avait voulu lui faire passer un message fondamental : « N’ abandonne pas si facilement. Va jusqu’au bout.
Malgré ce qu’on t’a dit, tu es quelqu’un d’important et tu peux accomplir de grandes choses. »
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Certes, personne ne peut être à chaque instant dans les meilleures dispositions. Nous manquons tous des occasions que nous aurions dû saisir. Mais nous pouvons tous mesurer nos progrès au fil du temps. Les messages que vous envoyez, que ce soit par des paroles, des écrits ou votre simple présence, font-ils pencher la balance vers davantage d’engagement ou davantage de distance? Plus ils vous engageront, plus vous gagnerez en influence sur les autres.
Emerson a écrit : « Tout homme a le droit d’être estimé d’après ses meilleurs moments. » Réfléchissez à cela un instant. Avec qui entretenez-vous la relation la plus tendue en ce moment? Comment évoluerait-elle si vous vous concentriez sur les meilleurs moments de cette personne et que vous les mettiez en avant? Cela ne veut pas dire que cette personne n’a aucun tort. Peut-être même a-t-elle plus de défauts que de qualités, à moins qu’elle ne soit brisée après des années d’errance et de mauvaise conduite. Mais une chose est certaine : si vous voulez l’ inciter à changer, vous ne parviendrez pas à grand-chose en insistant sur ses torts ou ses erreurs. Si, au contraire, vous la laissez entrevoir ce qu’elle pourrait être – sans alimenter de doux rêves mais en vous appuyant sur ses succès et ses qualités, aussi maigres soient-ils – , quelque chose en elle pourrait trouver une raison de se réveiller. Elle commencera peut-être à voir ce qu’elle peut encore être, malgré son passé. « Si vous traitez un individu comme ce qu’il est, vous le rendez pire que ce qu’il est; si vous le traitez comme ce qu’il pourrait être, il deviendra ce qu’il doit être. »
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Peu d’hommes, dans l’ Histoire, ont mieux compris qu’Abraham Lincoln la force qu’il y a à mettre en avant ce qui est bon dans l’autre. C’est avec cette seule idée que le seizième président des États-Unis a soudé la nation. Quand il fut investi en mars 1861, la probabilité qu’un autre président fit un jour un discours inaugural était faible.
Le jour même où il prêta serment, le drapeau confédéré fut hissé pour la première fois à Montgomery (Alabama). Depuis son élection, sept États avaient fait sécession. Dans les deux camps, tout le monde voulait savoir ce que cet homme avait à en dire.
L’Histoire juge aujourd’hui son discours d’ investiture comme l’ un des meilleurs jamais prononcés, précisément parce que Lincoln l’écrivit dans un esprit de réconciliation. Il ne fut pas faible t-il prévint des conséquences de toute attaque contre l’Union. Mais il mit en avant une vision positive, à un moment où personne ou presque n’y parvenait: « Nous ne sommes pas ennemis, mais amis. Nous ne devons pas être ennemis. » Quelle audace fallait-il ! Sept États avaient déjà fait sécession. La guerre menaçait. Des amis? Comment pouvait-on les voir comme des amis ?
Pensez à la dernière fois qu’un collègue vous a trahi, qu’un client vous a menti ou qu’un vendeur n’a pas respecté ses engagements. Votre première réaction fut-elle de vous souvenir de tout ce qu’il avait fait de bien auparavant?
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La déception, le sentiment d’être abandonné ou trahi nous valent de passer les moments parmi les plus exaspérants de notre vie. Et pourtant, ils nous offrent aussi l’opportunité exceptionnelle de marquer les esprits. Vous est-il déjà arrivé que quelqu’ un vous accorde son pardon contre toute attente ou se montre d’une surprenante indulgence envers vous? Cela s’est peut-être passé il y a des années ou même dans votre enfance. Si c’est le cas, cette personne vous est sans doure restée en mémoire, tout comme l’émotion qu’elle éveilla en vous.
Gagner en influence se résume en fin de compte à occuper une place à part, à monter d’un cran dans l’esprit et le cceur de l’autre. Si vous vous contentez d’agir ou de réagir comme n’importe qui , jamais vous ne vous distinguerez des autres. Et les raisons en sont simples.
La concurrence pour l’attention est permanente. Les communications sont souvent confuses. Il est assez difficile de se faire entendre dans le brouhaha actuel. Il faut pouvoir se montrer altruiste et digne de confiance, et, en général, on ne dispose guère de plus de quelques secondes pour cela. Si nous étions des êtres parfaits, sans la moindre faiblesse, sortir du lot reviendrait à surpasser les qualités relationnelles des autres dans la sphère d’influence de quelqu’ un. La lutte pour l’influence s’apparenterait alors à un concours de beauté (et certains l’envisagent ainsi).
Mais ce n’est pas le cas. Nous sommes des êtres imparfaits, pétris de faiblesses, et voilà qui nous offre peut-être autant d’opportunités de valoriser les autres après un désaccord ou une déception que lorsque tout va bien. Le secret, est de ne jamais vous défausser : chaque fois que vous en avez l’occasion, faites preuve d’un esprit positif envers les autres.
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Certains commettent l’erreur de penser que la mansuétude est une marque de faiblesse ou de passivité. Ce n’est pas non plus un déni de justice, car la clémence sans justice n’aurait aucun sens. Lincoln a su voir au-delà des apparences ce qui pourrait advenir et a œuvré dans ce sens.
«Bien que la passion ait pu tendre nos liens d’affection, elle ne doit pas les briser. Les cordes mystiques du souvenir, qui vont de chaque champ de bataille et du tombeau de chaque patriote à chaque cœur qui bat et chacun des foyers de cet immense pays, feront encore vibrer le chœur de l’Union.»
Parfois, valoriser les autres consiste à rappeler que le bien existe en chacun. Oui, il y a des tensions, dit Lincoln, mais nos liens sont plus forts. Le Nord et le Sud partageaient une histoire commune. C’est ensemble qu’ ils avaient déclaré l’indépendance, construit une nation, subi la guerre, et il fallait le rappeler à tous : «Quand elles seront de nouveau touchées, et elles le seront à coup sûr, par les meilleurs anges de notre nature.»
Les derniers mots du discours de Lincoln récapitulent tout ce qui devait être mis en valeur. Au-delà des dissensions, quelque chose de plus important et de plus vrai ne demandait qu’à vivre.
Pour un monarque britannique comme pour une nation divisée, c’est l’exhortation à reconnaître le positif qui a permis de transformer une situation tendue en un formidable défi de changement. Cela ne revient nullement à ignorer les problèmes, comme certains pourraient être tentés de le croire, mais à les affronter dans un souci de respect bien plus susceptible d’amener l’autre à la repentance, à la réconciliation ou au progrès.
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Ed Fuller, PDG de Marriott International Lodging, l’affirme: « Aucune relation professionnelle intéressante, que ce soit avec vos salariés, vos clients ou vos partenaires, ne peut perdurer sans respect mutuel. Et comme l’expérience me l’a appris, le fait de montrer votre admiration à vos adversaires peut résoudre des conflits, même violents.»
Fuller relate ensuite une bagarre qui éclata entre un avocat de Marriott et le propriétaire d’un hôtel en Amérique du Sud : lors de la renégociation d’un accord de gestion, les discussions tournèrent à la foire d’empoigne et les deux hommes commencèrent à se battre. Personne n’intervint jusqu’à ce que le revolver du propriétaire ne glisse de son étui et ne tombe par terre. On se précipita alors pour séparer les deux hommes, blessés dans leur orgueil et sans le moindre espoir d’accord.
Quelques mois plus tard, comme la situation n’avait pas évolué, un avocat et deux cadres de chez Marriott suggérèrent l’intervention du président Fuller. Celui-ci alla rendre visite au propriétaire de l’hôtel :
«J’ai passé deux jours avec lui, visité ses établissements, dîné dans son club et rencontré ses amis. À mesure que nous nous découvrions en marge du terrain professionnel, notre estime réciproque s’est accrue. Je l’ai découvert sous un autre jour et j’ai constaté la force de son attachement à ses employés, à sa famille et à sa communauté. Nos points d’achoppement n’étaient pas réglés, mais j’ai réalisé qu’il méritait mon respect pour ce qu’il était et ce qu’il avait accompli. Une semaine après mon départ, nous sommes parvenus à un accord. »
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Mettre en avant ce qui est bon n’est pas réservé aux grands de ce monde confrontés à des moments-clés de l’Histoire. Comme tous les autres principes de ce livre, cela vaut ici et maintenant, alors que l’esprit dans lequel nous communiquons manque souvent de considération pour les autres. Sur l’estrade politique, dans les médias numériques ou à la table des conseils d’administration, celui qui s’exprime dans un esprit de valorisation sincère et respectueux se fera toujours plus d’amis et incitera plus de monde à changer positivement que celui qui critique, qui condamne et qui méprise.
Ce qui est formidable, de nos jours, c’est l’étendue du champ d’application de ce principe. «Même si rien ne remplace la force d’une rencontre, explique Blake Mycoskie, fondateur de la marque de chaussures TOMS, il est important de se rappeler que la communication virtuelle peur contribuer à renforcer les liens». À chaque instant de la journée, nous pouvons envoyer des messages positifs à nos amis et nos contacts de multiples manières – courriel, SMS, Twitter… Toutefois, ne commettez pas l’erreur d’oublier l’impact individuel d’un message que vous diffusez à large échelle. Quelle que soit l’ampleur de votre audience, chaque message constitue une communication entre deux personnes : Lémetteur et le destinataire.
C’est le même principe qui tisse un lien d’influence entre un roi et son orthophoniste qu’entre une entreprise et ses clients, ou un cadre et ses subordonnés, ou encore un père et ses enfants.
Chasta DOUCHARD | Ambassadrice de PEPA Education Agency