L’immortel Syto CAVÉ
Les immortels de l’écriture Avec Germanie FIEFFÉ
Syto CAVÉ, né le 7 août 1944 à Jérémie, est une figure incontournable de la culture haïtienne. Écrivain, poète, et metteur en scène, il incarne une génération d’artistes engagés, dont le travail a profondément marqué la scène artistique et littéraire haïtienne. Sa contribution va bien au-delà des mots qu’il a posés sur le papier ; elle se manifeste également dans son engagement à promouvoir les arts dramatiques en Haïti et au-delà.
Après avoir terminé ses études secondaires, Syto CAVÉ a choisi de perfectionner son art au Conservatoire d’Arts Dramatiques de Port-au-Prince. Ce choix démontre déjà sa détermination à faire du théâtre un outil d’expression et de transformation sociale.
Comme beaucoup de ses contemporains, Syto a dû s’exiler en 1968, fuyant le climat politique répressif de l’époque. Accompagné de sa première épouse, Yanick Jean, également artiste, il s’installe aux États-Unis. Loin d’être une pause dans sa carrière, cet exil devient une opportunité pour Syto de continuer à œuvrer pour sa patrie à travers l’art. Aux côtés d’autres figures de la diaspora haïtienne, comme l’éminent écrivain Georges Castera, il fonde la troupe de théâtre Kouidor. Pendant plus de dix ans, cette troupe s’illustre dans divers festivals à travers la Caraïbe, offrant au monde un aperçu de la richesse culturelle d’Haïti.
En 1982, Syto décide de revenir en Haïti, malgré les difficultés politiques et économiques persistantes. Ce retour marque une nouvelle étape dans sa carrière. En collaboration avec des figures littéraires et artistiques de renom, telles que Lyonel Trouillot, Pierre-Richard Narcisse et Hervé Denis, il co-fonde l’Atelier des Arts et Spectacles (ADASA). Cette initiative témoigne de son désir de partager son expertise avec les jeunes générations et de continuer à bâtir une scène théâtrale haïtienne forte et indépendante. Plus tard, il s’associe à Toto Bissainthe pour créer la compagnie théâtrale Vigie, encore une preuve de son engagement indéfectible envers le théâtre.
Syto CAVÉ a laissé un héritage littéraire impressionnant. Ses œuvres abordent des thèmes variés, allant de l’introspection poétique à la critique sociale. Parmi ses romans, on peut citer “Le Singe du dormeur”, “Qui d’un soir”, et “Une rose rouge entre les doigts”, où il explore les complexités de la condition humaine à travers des récits à la fois poétiques et puissants.
En tant que dramaturge, Syto a également enrichi la littérature haïtienne avec des pièces de théâtre telles que “Mémoires d’un balai”, “La Parole des grands fonds”, “Le Chiffre sept”, “Quel mort tua l’empereur”, et “On m’a volé mon corps”. Ces œuvres mettent en lumière les luttes de l’individu face à la société et l’histoire, tout en célébrant la résilience de l’esprit humain.
Syto CAVÉ est plus qu’un simple écrivain ; il est une voix qui continue de résonner à travers les générations. Son engagement envers l’art et son pays, malgré les défis, fait de lui un véritable immortel de l’écriture. Son œuvre, profondément enracinée dans l’expérience haïtienne, reste une source d’inspiration pour les artistes et écrivains de la Caraïbe et au-delà.
Honneur et mérite à l’immortel Syto CAVÉ, dont le travail continue d’élever la voix des opprimés et de célébrer la richesse de la culture haïtienne.
Germanie FIEFFÉ