La volonté de surmonter l’échec et d’en faire une force

« La détermination est invincible. En dehors de la mort, rien ne peut nous empêcher de continuer.

Désespérer ? Cela dépend de vous. Personne d’autre ne sera coupable d’avoir jeté l’éponge. »

Ryan Holiday

Ryan Holiday est le nom de cet écrivain américain dont les publications traitent en majeure partie des médias et du stoïcisme, cette doctrine des philosophes antiques considérée aujourd’hui comme le courage à supporter la douleur et le malheur avec les apparences de l’indifférence. C’est donc dans son Best-seller L’obstacle est le chemin, que Ryan nous invite à développer un état d’esprit et un ensemble de comportements pour mieux faire face aux événements, sans pour autant devenir insensible. 

L’obstacle est le chemin est un livre internationalement recommandé pour  trouver en soi les ressources nécessaires, développant ainsi la confiance en soi, et à se comporter au quotidien de façon proactive pour devenir acteur de sa propre vie.

HOLIDAY, Ryan. L’obstacle est le chemin : De l’art éternel de transformer les épreuves en victoires. 2018. Éditions Alisio. (p. 157-177)

Osons lire dix pages avec Ambassadrice Chasta DOUCHARD 

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VOULOIR 

QU’EST-CE QUE LA VOLONTÉ ? Il s’agit de notre pouvoir interne qui n’est jamais affecté par le monde extérieur. C’est notre ultime atout. Si l’action est ce que nous faisons lorsque nous contrôlons encore un peu la situation, la volonté est ce dont nous dépendons lorsque nous ne maîtrisons plus rien. 

Lorsque nous nous retrouvons dans une situation qui semble immuable et indéniablement négative, nous pouvons la transformer en une expérience pédagogique, une leçon d’humilité, une occasion de réconforter d’autres personnes. 

C’est ça, le pouvoir de la volonté. Mais encore faut-il savoir la cultiver. Nous devons nous préparer à l’adversité, aux bouleversements, nous devons apprendre l’art du consentement et pratiquer l’entrain même aux moments les plus difficiles. Trop souvent, les gens pensent que la volonté est l’intensité à laquelle nous souhaitons quelque chose. En réalité, la volonté est plus une question de renonciation que de force. Est-ce que « si Dieu le veut » tient la route face à « la volonté de vaincre » ou « à force de volonté » ? La véritable volonté est l’humilité discrète, la résilience, la souplesse. 

L’autre forme de volonté est une forme de faiblesse masquée par des fanfaronnades et l’ambition. Devinez laquelle résiste le mieux au plus difficile des obstacles ?

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LA DISCIPLINE DE LA VOLONTÉ 

Puisqu’on pense à la légende qu’il est devenu plutôt qu’à l’homme qu’il était, on ignore souvent qu’Abraham Lincoln a combattu une dépression invalidante toute sa vie. Appelée à l’époque mélancolie, sa dépression profonde l’a conduit à deux tentatives de suicide.

Son penchant pour les blagues et l’humour paillard dont on aime à se souvenir était à l’opposé de ce que sa vie devait être à ses heures les plus sombres. Même s’il se montrait joyeux, Lincoln souffrait de périodes maussades intenses, d’isolement et de douleurs. Au fond de lui, il luttait pour porter un fardeau énorme.

Toute sa vie, Lincoln a enduré et transcendé les difficultés. Grandissant dans la pauvreté à la campagne, perdant sa mère alors qu’il n’était encore qu’un petit garçon, perdant la femme qu’il aimait jeune homme, juriste dans une petite ville de province, connaissant plusieurs défaites dans les urnes lorsqu’il s’est lancé en politique et, évidemment, souffrant d’épisodes de dépression, qui à l’époque n’était pas considérée ni comprise comme une maladie. Tous ces obstacles, Lincoln les a réduits avec grâce, bienveillance, ambition et endurance.

Les défis personnels de Lincoln étaient si intenses qu’il était persuadé qu’il lui étaient prédestinés d’une façon ou d’une autre. Sa dépression chronique était une expérience unique qui le préparait à une grande destinée. Il a appris à endurer tout cela, à l’exprimer, à chercher quel bénéfice il pourrait en tirer et à en saisir le sens. Comprendre cela est essentiel pour saisir la grandeur de cet homme.

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Pendant une grande partie de la carrière politique de Lincoln, l’esclavage était un nuage sombre qui planait au-dessus de l’Amérique et qui présageait une tempête terrible. Certains ont fait le dos rond, d’autres se sont résignés. D’autres encore sont devenus des défenseurs de la cause. La plupart pensaient que cela sonnait la fin de l’Union, ou pire encore, la fin de leur monde.

Il s’est avéré que les qualités issues des expériences personnelles de Lincoln étaient précisément ce qu’il fallait pour diriger la nation pendant son évolution. 

Contrairement à d’autres hommes politiques de son époque, il ne s’est pas laissé noyé dans des conflits d’intérêts. Il ne savait pas se montrer sanguin. Dans son cœur, il n’y avait pas de place pour la haine. Sa propre expérience de la souffrance le poussait à montrer de la compassion envers les autres. C’était un homme patient qui savait que les épreuves prenaient du temps à surmonter, mais, surtout, il trouvait un but et une diversion dans une cause plus grande que ses défis personnels.

Le pays avait besoin d’un leader magnanime et l’a trouvé en Lincoln, un novice en politique, toutefois expert en matière de volonté et de patience. Ces vertus s’étaient développées au cours de son « expérience terrible », comme il disait. Ces caractéristiques étaient représentatives d’une capacité unique à diriger le pays durant une période extrêmement difficile : la guerre de Sécession.

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Tout malin et ambitieux qu’il était, Lincoln possédait une force véritable : sa volonté. Il pouvait se résigner à une tâche difficile sans laisser le désespoir le gagner. Il savait utiliser ses propres tourments pour enseigner et aider les autres. Il pouvait s’élever au-dessus du vacarme et appréhender la politique de façon philosophique. « Les choses finissent par passer » était son dicton préféré. Il a déclaré un jour que ce dicton pouvait s’appliquer à toutes les situations que l’on peut rencontrer dans la vie.

Pour vivre avec son état dépressif, Lincoln s’était bâti une forteresse intérieure. En 1861, ce cadre lui a apporté le nécessaire pour endurer et lutter dans une guerre qui s’annonçait. En quatre ans, la guerre était devenue d’une violence inouïe et Lincoln qui, au début, s’était préparé à l’éviter, allait se battre pour la remporter ou du moins, la finir « sans mauvaises intentions pour personne. » L’amiral David Porter, qui l’avait accompagné dans ses derniers jours, disait que c’était comme si Lincoln « pensait avoir simplement une tâche ingrate à effectuer » et qu’il « se préparait à l’effectuer de façon que tout se passe pour le mieux possible. »

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On devrait s’estimer heureux de ne pas être confronté à ce genre de défi ou, comme Lincoln, devoir tenir et puiser dans nos malheurs personnels pour le surmonter. 

Mais nous avons tous quelque chose à apprendre de son courage et de son sang-froid.

La lucidité et l’action ne suffisent pas toujours en politique ou dans la vie. Certains obstacles ne disparaissent pas d’un simple claquement de doigts ou par une solution innovante. Ce n’est pas toujours possible pour un seul homme d’éviter au monde un grand danger ou d’arrêter un conflit. Évidemment, nous essayons, parce que cela peut arriver. Mais nous devons nous préparer à ce que cela ne fonctionne pas. Nous devons être capables de trouver un intérêt supérieur à cette souffrance et le gérer avec fermeté et patience.

Lincoln était comme ça : toujours une idée nouvelle ou une approche innovante (que ce soit en envoyant un navire de ravitaillement au lieu de troupes de renfort lors du siège de fort Sumter ou en programmant l’abolition de l’esclavage en même temps que la victoire de l’Union à Antietam), mais toujours s’attendre au pire. Et se préparer à faire au mieux avec le pire.

La position de leader demande de la détermination et de l’énergie. Certains cas demandent parfois aux leaders de rassembler cette énergie déterminée pour tenir bon tout simplement, pour apporter une force supplémentaires dans des temps difficiles. À cause de ce qu’il avait enduré, contre quoi il avait lutté et appris à gérer dans sa vie privée, Lincoln était capable de se montrer un grand leader. Il était capable de tenir un pays tout entier, défendre une cause, soutenir un effort.

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C’est l’avenue qui conduit à la dernière discipline : la volonté. Si la perception et l’action sont les disciplines de l’esprit et du corps, la volonté est la chose que nous contrôlons toujours entièrement. Alors que je peux tenter de changer des perceptions néfastes et mettre 100 % de mon énergie au service de mes actes, ces tentatives peuvent être mises en échec ou inhibées. Ma volonté est différente, car elle m’appartient en propre.

La volonté, c’est la force de l’âme et la sagesse, pas seulement devant un obstacle mais dans la vie et ses aléas. C’est la volonté qui nous donne la force ultime, la force d’endurer, de contextualiser, de tirer un sens des obstacles que nous ne pouvons pas surmonter (un moyen de retourner l’ « in-retournable »).

À l’époque, les contemporains de Lincoln s’extasiaient devant son calme, sa gravité, sa compassion. 

Aujourd’hui, ces qualités semblent presque surhumaines. Son discernement sur ce qui devait être fait le distinguait, comme s’il était au-dessus ou au-delà des divisions qui pesaient sur les autres. Comme s’il venait d’une autre planète.

Dans un sens, c’était un extraterrestre. Il venait de très loin, au plus profond de lui-même, contrairement aux autres. Formé à l’école de la douleur, pour citer Virgile, Lincoln avait appris « à réconforter ceux qui souffrent aussi ». Ceci fait également partie de la volonté : penser aux autres, faire au mieux dans une situation terrible qu’on a voulu éviter en vain, gérer le destin avec enthousiasme et compassion.

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Les paroles de Lincoln touchaient les gens parce qu’elles venaient du cœur, parce qu’il avait accès à une partie de l’expérience humaine contre laquelle beaucoup s’étaient emmurés. Sa souffrance personnelle lui offrait un avantage.

En tant que leader, Lincoln était fort et autoritaire, mais il incarnait aussi la maxime des stoïciens : sustine et abstine. Supporte et abstiens-toi. Supporter les maux, mais avancer dans la tâche. Si la guerre avait duré plus longtemps, Lincoln l’aurait traversée avec ses hommes. 

Si l’Union avait perdu la guerre, il aurait su qu’il avait tout fait pour remporter la victoire. Et surtout, si Lincoln avait essuyé un échec, il était prêt à supporter les conséquences avec dignité, force et courage, en montrant l’exemple, dans la victoire ou la défaite, quelle que soit l’issue.

De nos jours, la technologie moderne nous fait croire qu’on contrôle le monde extérieur. Nous sommes convaincus que nous pouvons désormais contrôler l’incontrôlable.

C’est faux, évidemment. Il est hautement improbable que nous réussissions à nous débarrasser de tous les côtés désagréables et imprévisibles de la vie. L’histoire nous prouve à quel point le monde peut être aléatoire, vicieux et monstrueux. L’incompréhensible se produit sans arrêt.

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Dans la vie, certaines choses vous ouvrent les tripes comme un couteau. Quand ça arrive, au moment où on est exposés, le reste du monde aperçoit ce qui est au plus profond de vous. Qu’est-ce qu’on verra lorsque vous vous retrouverez ouvert en deux par le stress et la pression ? Du métal ? De l’air ? Des carabistouilles ?

En tant que telle, la volonté est la troisième discipline essentielle. Nous pouvons réfléchir, agir et enfin nous adapter à un monde intrinsèquement imprévisible. La volonté est ce qui nous y prépare, qui nous protège et nous permet de prospérer et d’être heureux malgré tout. 

C’est aussi la plus difficile de toutes les disciplines. C’est elle qui nous permet de résister alors que les autres se lassent et s’éparpillent. C’est de son fait si nous sommes confiants, sereins, prêts à nous mettre au travail, quelles que soient les conditions. Nous sommes volontaires et capables de poursuivre, même pendant l’impensable, même quand nos pires cauchemars se concrétisent.

C’est bien plus facile de maîtriser nos perceptions et émotions que d’abandonner le désir de vouloir contrôler les gens et les événements. C’est aussi plus facile de persévérer dans l’effort et l’action que d’endurer l’inconfort ou la douleur. C’est plus facile de réfléchir et d’agir que de faire preuve de sagesse.

Ces leçons qu’on apprend avec difficulté sont, en fin de compte, essentielle pour prendre l’avantage sur l’adversaire. Dans toutes les situations, nous pouvons :

  • Toujours nous préparer à pire ;
  • Toujours accepter ce qu’on n’a pas pu changer ;
  • Toujours gérer nos attentes ;
  • Toujours persévérer ;
  • Toujours apprendre à aimer notre destin et ce qui nous arrive ;
  • Toujours nous protéger (se replier sur soi) ;
  • Toujours nous soumettre à une cause plus grande ;
  • Toujours nous rappeler notre propre mortalité.

Et évidemment, nous préparer à recommencer le cycle une nouvelle fois.

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BÂTISSEZ VOTRE CITADELLE INTÉRIEURE

[…]

On dit que les juifs, privés de patrie pendant longtemps, avec leurs temples détruits et leur communauté éparpillée dans le monde, ont été obligés de se reconstruire non pas physiquement mais mentalement. Le temple est devenu métaphysique, situé indépendamment dans l’esprit de chaque croyant. Aux quatre coins du monde et malgré les épreuves ou les persécutions subies, chaque juif pouvait s’y retrancher pour y trouver force et sécurité.

Méditez cette phrase de l’Haggadah : « À chaque génération, chacun doit considérer qu’il est sorti d’Égypte. » 

Le menu du Seder de Pâques se compose d’herbes amères et de pain sans levain, le « pain de l’affliction ». Pourquoi ? Par bien des égards, cela montre la force morale qui a soudé la communauté pendant des générations. Le rituel ne célèbre pas uniquement les traditions juives mais il pousse les participants de la fête à visualiser et prendre possession de la force qui les anime tous.

Ceci est étrangement similaire à ce que les stoïciens appelaient la citadelle intérieure, celle au fond de nous qu’aucun adversaire extérieur ne peut détruire. Quoi qu’il en soit, nous ne naissons pas avec ; nous devons la bâtir et la renforcer activement. Pendant les périodes fastes, nous renforçons notre corps et notre esprit pour pouvoir compter dessus durant les périodes difficiles. Nous protégeons notre citadelle intérieure pour qu’elle puisse à son tour nous protéger.

[…]

Vous aurez plus de chances de vous endurcir plutôt que de modifier un monde qui est au mieux indifférent à votre existence. Que l’on soit né fragile […] ou qu’on vive une période agréable, on devrait toujours se préparer à ce que les choses tournent mal. À chacun à sa manière, à chacun son combat […].

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Personne ne naît gladiateur. Personne ne naît avec une citadelle intérieure. Si nous voulons poursuivre notre objectif malgré les obstacles qui peuvent surgir, nous devons renforcer notre volonté.

Exceller dans un domaine demande de l’entraînement. Il en va de même pour les obstacles et l’adversité. 

Même s’il est plus facile de profiter d’une vie confortable, il faut admettre le bon côté de la préparation, car personne n’est disposé à tout perdre, surtout pas perdre la tête lorsque quelqu’un ou quelque chose vient contrecarrer nos projets.

C’est presque un cliché, mais le fait de mettre du poids sur une arche pour la solidifier – pour que les pierres se soudent et que la tension permet de soutenir le poids – est une jolie métaphore.

Le chemin de la moindre résistance est un professeur terrible. On ne peut pas se permettre de reculer devant ce qui nous intimide. On n’a pas besoin de prendre nos faiblesses comme acquises.

Ça ne vous fait rien d’être seul ? Êtes-vous prêt à remonter sur le ring pour quelques rounds supplémentaires si nécessaire ? Est-ce que vous êtes prêt à relever les défis ? Est-ce que l’incertitude vous dérange ? Et comment vous sentez-vous sous la pression ?

Ces choses vont vous arriver. Et la vie attend des réponses. C’est vous qui faites des choix personnels, qui passez votre vie à faire des choses. Alors mieux vaut vous préparer à ce que cela implique. C’est votre blindage. Cela ne vous rend pas invincible, mais ça vous aidera […].

En anticipant, nous avons le temps de construire nos défenses ou même de les éviter. Nous sommes prêts à nous laisser dériver, car nous avons envisagé un moyen de revenir. En anticipant, nous sommes plus endurants.

Chasta DOUCHARD 

Ambassadrice de PEPA Education Agency