Exploration historique à la Fondation Devoir de Mémoire-Haïti : découvrir la vérité cachée

Le 09 juillet 2024 dernier, l’équipe de PEPA Education a organisé une visite à la Fondation Devoir de Mémoire-Haïti, située à Pétion-Ville. La mission de cette fondation est de « chercher la vérité, promouvoir la justice, développer la solidarité, bâtir un État de droit, et préserver notre dignité ».

L’équipe a été accueillie par Mme Bourdereau, la secrétaire exécutive. Après des propos de bienvenue, elle nous a interrogés sur ce qu’on nous apprenait à l’école qui était faux, pour ensuite nous révéler la vérité. Elle a commencé par nous présenter un bâtiment qui, dans un premier temps, avait été un club militaire avant de se transformer en prison.

Cette prison, tristement célèbre en Haïti, a acquis sa notoriété sous les régimes de François “Papa Doc” Duvalier et de son fils Jean-Claude “Baby Doc” Duvalier. Elle servait à détenir des prisonniers politiques, des dissidents et toute personne perçue comme une menace pour les régimes des Duvalier. Beaucoup de détenus y ont été soumis à la torture, à des conditions inhumaines et à des exécutions extrajudiciaires.

Mme Bourdereau a également évoqué l’accession de Duvalier au pouvoir. Fignolé, alors président provisoire et le plus populaire de l’époque, a été réduit un soir à “ti kok ou kk” et est parti en exil, favorisant une instabilité politique. Cette situation a permis à Duvalier de remporter les élections face à Clément Dejoie et Louis Junior.

Elle a poursuivi en expliquant comment les régimes des Duvalier étaient tristement célèbres pour leur brutalité et leur répression. À travers des événements comme le massacre de Fort Dimanche et celui de Jérémie, ainsi que la répression par les Tontons Macoutes et le massacre de La Saline, des centaines de Haïtiens ont été victimes de violence, d’exécutions extrajudiciaires et de souffrances indescriptibles, laissant un héritage de traumatisme profond dans l’histoire du pays.

Par exemple, le 26 avril 1963, Haïti a vécu une violente répression ordonnée par François Duvalier après une tentative d’enlèvement de son fils, Jean-Claude, par des éléments dissidents de l’armée. Cet événement a marqué un tournant brutal, causant la mort de nombreuses personnes, parmi lesquelles le père d’Hector Riobé, tué par Franck Romain, sur lequel nous avons regardé un documentaire.

De même, le massacre de Cazale, survenu en avril 1969 sous le régime de Jean-Claude Duvalier, a marqué un sombre chapitre de l’histoire d’Haïti, caractérisé par une répression brutale contre la communauté de Cazale, accusée de soutenir des rebelles. Les forces du régime, notamment les Tontons Macoutes, ont perpétré des meurtres, des arrestations massives, et des destructions qui ont profondément traumatisé et affecté la population locale.

Il est clair que le passé d’Haïti influence encore son présent, avec des parallèles évidents entre les régimes passés et la situation actuelle. Le système duvalieriste, avec ses répressions et sa peur des intellectuels, semble se refléter aujourd’hui dans la violence et l’insécurité qui touchent le pays. Les hommes armés illégaux d’aujourd’hui rappellent les Tontons Macoutes, et les fermetures d’écoles montrent une continuité dans la peur des jeunes éduqués et pensants.

Le parcours de figures comme Jacques Stephen Alexis et Jean Dominique sont des exemples poignants de ce qu’Haïti a traversé et continue de traverser. Leur histoire est un rappel de l’importance de ne pas oublier le passé pour éviter de le répéter.

Cette visite à la Fondation Devoir de Mémoire-Haïti a été riche en enseignements et en émotions. Elle nous a permis de revisiter des pans sombres de notre histoire, de comprendre les vérités cachées et de rendre hommage à ceux qui ont souffert pour la justice et la dignité. En tant que jeunes, nous repartons avec la responsabilité de transmettre ces leçons à la prochaine génération, afin de bâtir un avenir plus juste et éclairé en gardant à l’esprit cette citation de Peter Berger : « L’histoire nous permet de comprendre notre propre capacité à l’erreur et, si nous retenons ses leçons, elle nous empêche de les répéter ».

Woodnaëlle Anne DELICE
Étudiante en lettres modernes, activiste littéraire