De l’art de persuasion à l’art de bien dire : le pouvoir est au bout de la parole

Lors d’une prise de parole en public, nous avons le pouvoir de chercher à amuser l’auditoire, à le divertir, à le convaincre, et même à le pousser à l’action. Pour cela, une communication persuasive est primordiale. Et pour persuader, il ne faut absolument pas se passer de certaines techniques. C’est dans cette optique que PEPA Education Agency a organisé sa quatrième et dernière conférence, exclusivement destinée aux finalistes de la deuxième édition du Concours de Textes et d’Éloquence de PEPA, le dimanche 8 octobre 2023 dernier. Cette intervention a été axée sur le sujet : “Les techniques de persuasion dans l’art oratoire”. Chasta DOUCHARD, lauréate de l’édition précédente, a été désignée comme conférencière, accompagnée de Christopher VERCINÉ en tant que modérateur.

Pour entamer le sujet, la conférencière a élaboré un plan bien détaillé. Elle a d’abord donné la définition de la persuasion comme étant la capacité à amener quelqu’un à croire, à penser, à vouloir faire quelque chose par une adhésion complète. Elle a également souligné que persuader n’est pas tout à fait convaincre, car pour convaincre, il suffit de parler à l’esprit, tandis que persuader touche directement le cœur.

Elle a poursuivi sa démarche en soulignant l’importance de la persuasion dans la vie de tous les jours. Selon l’ancienne ambassadrice, la persuasion est indispensable pour nous tous, quel que soit notre cadre social. Pour aider les finalistes à s’éclaircir, elle a fait appel aux trois registres de persuasion élaborés par Aristote :

  • Logos : le fond du message (arguments pertinents)
  • Ethos : forme du Messager (l’image qu’on donne au public)
  • Pathos : forme émotionnelle du message (lien émotionnel avec le public)

La conférencière a ensuite présenté l’art oratoire comme étant la capacité à emporter l’adhésion d’un public par la parole, que ce soit pour exposer des idées, défendre une cause ou rapporter des événements, tout en prenant en compte la théâtralité de la mise en voix. Cette pratique combine deux compétences : l’éloquence et la rhétorique.

  • L’éloquence, du latin “eloquentia” formé à partir du verbe “loqui” (parler), désigne le don de la parole, la facilité à bien s’exprimer et l’art de persuader par le discours.
  • La rhétorique, venant du grec “Rhêtorikê”, d’où la racine “rhêthor” signifiant “orateur”, désigne une technique qui s’appuie sur un ensemble de moyens d’expression, parmi lesquels les figures de style. Elle a aussi avancé que l’art oratoire n’est ni la loquacité, c’est-à-dire parler beaucoup, ni la volubilité, parler rapidement ou avec facilité, ni la verve, un don ou un talent, ni la grandiloquence, le fait d’être trop original et esthétique, et encore moins le bagou, l’éloquence sans savoir convaincre. En revanche, l’art oratoire englobe quatre éléments de base :
  • L’authenticité, qui consiste à être soi-même et à rester naturel.
  • La communication non verbale, ne devant jamais être sous-estimée dans l’art oratoire, car elle englobe le langage corporel, les gestes, la posture et l’expression faciale.
  • La communication paraverbale, qui regroupe les éléments acoustiquement perceptibles accompagnant le discours, tels que la tonalité, le débit et le volume.
  • La communication verbale, désignant les mots et expressions utilisés.

La conférencière a ensuite mis en relation la persuasion et l’art oratoire en soulignant que les deux reposent sur la maîtrise de la parole, grâce à cette forme rhétorique de l’art de la parole qu’est la rhétorique.

En conclusion, elle a élaboré sept moyens pour persuader en art oratoire :
1) Avoir confiance en soi, en ne doutant ni de sa valeur ni de ses compétences;
2) Connaître son sujet en profondeur;
3) Bien structurer son argumentation, en veillant à ce que le texte soit court, concis et clair;
4) Se focaliser sur la préparation, à la fois orale, intellectuelle, gestuelle et mentale;
5) Maîtriser la langue dans laquelle on transmet le message;
6) Tenir compte des trois registres de persuasion élaborés par Aristote et des quatre éléments de base de l’art oratoire;
7) Pratiquer, pratiquer, pratiquer. L’art oratoire s’améliore avec la pratique constante et l’expérience.

Après cette conférence enrichissante, les finalistes sont désormais parfaitement préparés pour briller lors de la grande finale du concours ce dimanche. Leur maîtrise des techniques de persuasion dans l’art oratoire, ainsi que leur confiance en eux, les mettent sur la voie du succès. Que cette finale soit le théâtre de performances exceptionnelles, où la parole devient un véritable pouvoir et que chaque finaliste laisse son empreinte dans l’histoire de l’éloquence.

Anne Woodnaëlle DELICE