Carlile PERRIN, une icône incontestable de la vie littéraire en Haïti

« Depuis que j’ai perdu cette voie noire, la lumière m’attire partout », le leitmotiv d’une brillante jeune femme qui mène une existence passionnée entre les pages des livres et le micro. PEPA Education Agency nous invite encore une fois à découvrir cette icône incontestable de la vie littéraire en Haïti.     

Née à Pétionville, Carlile PERRIN a grandi dans une famille monoparentale dont elle est la benjamine. Elevée en l’absence d’une figure paternelle, elle témoigne d’une profonde vénération pour sa mère qu’elle considère d’ailleurs comme son premier amour. « Je ne vivais qu’avec ma maman et elle n’était pas toujours présente. Malgré cela, elle n’a jamais cessé de me couvrir d’attention et d’affection. » Nous confie-t-elle. 

Elle considère son enfance comme une barque qui a vogué sur des vagues de joie et de chagrin. Bercée pour la plupart du temps par une grande solitude, elle jouait souvent seule et s’y réconfortait malgré tout. Selon elle, son enfance a pris une tournure agréable avec l’arrivée des livres qui sont devenus depuis, ses fidèles amis. Carlile a un penchant irrésistible pour les romans historiques et policier. D’ailleurs, ces joyaux ont même fini par la pousser dans les bras de la criminologie, un domaine dans lequel elle projette de faire carrière. Aujourd’hui, elle est une lectrice notoire. De plus, elle prend beaucoup de plaisir à partager ses découvertes livresques avec son auditoire notamment sur sa page facebook et son blog www.carlileperrin.com.    

Une partie de sa vie scolaire s’est déroulée sur les bancs du Grand Collège Hugo Paul des Frères et l’autre, bouclée à L’Institution Mixte la Sainte Famille. Le profil de l’écolière qu’elle a été à cette époque se dressait comme suit : une élève brillante au carnet étoilé et le petit chouchou des professeurs. Faire le choix définitif de sa carrière n’a pas été chose facile. Elle est actuellement étudiante mémorante en Droit (École de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves) et possède un diplôme en journalisme,  « Il est bon de souligner que le journalisme est venu très tard dans ma vie. Quand on m’a engagée comme co-présentatrice de l’émission Show du club sur les ondes de la radio Signal, 90.5, j’étais à la genèse du secondaire 4.» nous avoue-t-elle. 

Selon Carlile PERRIN la communication n’a pas toujours été dans ses plans, mais ses débuts dans ce domaine ont fini par avoir raison d’elle.  Aujourd’hui, le micro est devenu l’une de ses passions. Elle évolue dans le monde des médias depuis environ 6 années. Actuellement, elle est journaliste présentatrice à la Radio télé Cosmos 97.9, un groupe qu’elle a rejoint en janvier dernier. Elle co-présente également l’émission Radio Service du lundi au vendredi avec son collaborateur Wesly St Fleur de 10h AM à 13h. De surcroit, elle est responsable du Magazine Le Lutrin de la Division D, une entité de Toastmasters International où elle a été primée dans plusieurs concours depuis son adhésion en 2018. Elle y a également bénéficié une maitrise en présentation.    

Déjà 4 ans révolus en tant que lectrice assidue, Carlile affirme avoir mis du temps à s’égayer dans les champs verdoyants du monde littéraire. « J’ai mis du temps à aimer mon chapeau de lectrice. Lire est un exercice qui demande beaucoup d’efforts et de sacrifices. », Affirme-t-elle. « J’adore échanger avec les jeunes surtout quand il s’agit de littérature, J’ai déjà animé plusieurs ateliers littéraires. Lesquels m’ont permis d’emmagasiner pléthore de connaissances. Avoir la possibilité d’inciter les jeunes en Haïti à la lecture est un privilège et un pas de plus dans ma quête du bonheur. »

Son allure leste et sa démarche altière tracent les lignes de son assurance et de sa détermination. Directe et loyale, Carlile est une personne ouverte d’esprit mais qui trie sur le volet les gens qui doivent composer son entourage. Ses amis voient en elle une très bonne conseillère et une guide qui les aide à devenir une meilleure version d’eux-mêmes. Lire, regarder les documentaires, écouter les podcast, la musique et regarder les séries et films sont ses principaux passe-temps. 

Par ailleurs, d’illustres personnages façonnent journellement sa personnalité ; elle forge désormais son être sur le modèle des icônes provenant de divers secteurs de la vie comme Eleanor Roosevelt, la femme de Franklin Delano Roosevelt, Rosa Bonheur (peintre renommée), Maggie Q (actrice) et par-dessus tout, son mentor Marc Exavier, poète et écrivain haïtien. Alors âgée de 18 ans, elle a connu Marc grâce à son invitation à l’émission « Lecture et Compagnie » que l’auteur animait à l’époque sur Espace FM. Une rencontre qui allait changer sa vie car grâce à Marc Exavier,  elle a pu découvrir les grands auteurs et s’initier dans la voie de la sagesse et de l’humilité. Aujourd’hui, elle nous dit avec un zeste d’humour : « Marc est pour moi, les livres éparpillés un peu partout dans ma chambre ».   

L’enfer qui tyrannise la vie quotidienne en Haïti ne constitue pas un frein à cette course que la jeune correctrice et responsable d’édition se livre pour atteindre ses objectifs. Lire, écrire, partager ses lectures, travailler sur sa thèse, participer à des ateliers littéraires et des conférences figurent tout en haut de sa liste pour la fin de l’année. D’ailleurs, les prochaines années s’annoncent prometteuses pour Carlile. Elle projette de redoubler d’efforts pour se réaliser et prendre d’importantes initiatives. « J’ai hâte de devenir la femme que je vois dans mes rêves tous les soirs. C’est une femme, sans vouloir me vanter, qui a réussi avec un grand R et qui continue de se battre. Que les prochaines années s’attendent à une Carlile Perrin reconnue dans le milieu littéraire haïtien et ailleurs comme lectrice mais aussi auteure, une criminologue, et une architecte (J’envisage de faire des études bientôt) », s’exalte-t-elle avec beaucoup de fierté. 

Stress, dépression, peur, démotivation…tous ces vents impétueux qui soufflent sur le mental des jeunes haïtiens vivants en Haïti n’épargnent pas la jeune lectrice. Cependant, elle exhorte les jeunes de sa génération à faire preuve de courage et à garder espoir. « Certains jours, il est, même pour moi, pénible de me lever dans un pays où l’on arrive à peine à vivre. Comme tant d’haïtiens, ces derniers temps, la démotivation ne se fait pas prier. […] On se fixe des objectifs atteignables et on se bat. Je me bats parce qu’au fond de moi l’espoir parle fort. Je m’implique. J’observe et j’apprends. Et j’invite les autres à faire pareil. »

Wood Jude JEAN

Rédacteur en chef de PEPA, Écrivain en Herbe, Poète, Scénariste et Étudiant en Communication Sociale.