Débat sur les quotas de genre dans les conseils d’administration : nécessité ou compromis du mérite
Le samedi 1er juin, sous la direction de Dawin Miclaina MARCELIN, les finalistes du Prix PEPA ont discuté de la mise en œuvre de quotas de genre dans les conseils d’administration des entreprises, une question complexe qui suscite des opinions divergentes.
D’un côté, les finalistes ont démontré que les quotas sont souvent vus comme une mesure nécessaire pour remédier aux déséquilibres de genre persistants dans les hautes sphères de la gouvernance d’entreprise. En Haïti, par exemple, la législation prévoit un quota de 30 % de femmes dans l’administration publique, en réponse à des revendications féministes pour plus d’inclusivité. La présence de femmes dans les conseils d’administration peut apporter des perspectives différentes, ce qui favorise une prise de décision plus équilibrée et inclusive. Des études ont montré que la diversité de genre peut conduire à une meilleure performance organisationnelle. Les quotas peuvent aider à surmonter les barrières structurelles et culturelles qui empêchent les femmes d’accéder à des postes de leadership. Ils peuvent également servir de modèle positif, encourageant plus de femmes à aspirer à des rôles de direction.
De l’autre côté, ils soulignent que les quotas pourraient compromettre le principe du mérite, en favorisant la sélection basée sur le genre plutôt que sur les qualifications et l’expérience. Cette approche pourrait diminuer la compétitivité et l’efficacité des entreprises. Les quotas pourraient engendrer des ressentiments, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Les hommes pourraient se sentir injustement traités, tandis que les femmes pourraient être perçues comme n’ayant obtenu leur position que grâce à leur genre, ce qui pourrait perpétuer des stéréotypes de genre négatifs.
En effet, il existe un risque que les quotas créent une pression artificielle pour atteindre des objectifs numériques sans tenir compte des compétences nécessaires pour siéger efficacement dans un conseil d’administration. Cela pourrait entraîner une surreprésentation de femmes insuffisamment qualifiées dans certains cas.
La clé pourrait résider dans la recherche d’un équilibre délicat entre la promotion de la diversité de genre et le respect du principe de mérite.
En fin de compte, la décision d’instaurer des quotas de genre devrait être prise au cas par cas, en tenant compte des besoins et des objectifs spécifiques de chaque entreprise et de son contexte réglementaire et socioculturel. Cela permettrait de trouver des solutions adaptées qui promeuvent à la fois l’inclusivité et l’efficacité organisationnelle.
Woodnaëlle Anne DELICE
Secrétaire Générale du Prix PEPA 2024