L’immortelle Saïka CÉUS

Les Immortels de l’Écriture Avec Germanie FIEFFÉ 

En 1977, les Nations unies ont officialisé la date du 8 mars comme la Journée internationale des droits des femmes, dans le but de lutter pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

Ainsi, en ce 8 mars 2024, découvrons ensemble l’immortelle Saïka CÉUS. Originaire de Coridon, département de l’Artibonite, elle a vu le jour en 1990. Diplômée en secrétariat et en sciences politiques, romancière et ancienne jeune ambassadrice pour l’enfance et l’éducation pour le gouvernement jeunesse Haïti.

Sa passion pour l’écriture est née dès son adolescence, lorsqu’elle écrivait des poèmes qu’elle prenait plaisir à partager avec ses camarades. Pour elle, la lecture est un acte nécessaire à la santé intellectuelle. Comme tous les mordus de la lecture, faire le choix de ses auteurs favoris n’est jamais une chose facile. Cependant, Saïka a une admiration particulière pour ces icônes de la littérature haïtienne telles que Fernand Hibbert, Gary Victor, Margaret Papillon…

La jeune promotrice de la lecture embrasse le monde littéraire en tant qu’écrivaine en remportant le Grand Prix Deschamps en 2017, lors de sa 42e édition, avec son roman magistral de 234 pages intitulé “Tifi”, rédigé intégralement en créole haïtien, où parler créole était perçu comme synonyme d’ignorance et de manque d’intelligence par beaucoup de gens.

C’est un roman paysan, racontant l’histoire d’une petite fille qui n’a jamais connu son prénom. Elle a perdu son identité depuis le jour de sa séparation maternelle. Elle sera adoptée par une missionnaire religieuse, la femme du pasteur (Lewa). À partir de là, Tifi, le personnage principal, portera jusqu’à ses seize ans l’étiquette de restavèk (sentaniz) et connaîtra tous les martyrs (violence, viol, maltraitance). Elle n’a jamais eu la chance, même pour une fois de sa vie, de mettre les pieds à l’école. Le pire, elle tombera enceinte de monsieur Lewa Lewa après des viols à répétition et sera renvoyée dans sa ville natale…

L’ouvrage est un miroir de la réalité quotidienne haïtienne, car il touche presque tous les aspects : le vodou (rara), la violence, l’inégalité de genre, l’alphabétisation, la misère, la colère, la tristesse, l’échec, mais aussi la persévérance, la détermination, le courage, l’éducation familiale et l’amour. Sans oublier les bons petits repas locaux (haïtiens) tels que le diri ak sòs pwason, le patat boukanenn ak konfi…

“Tifi” est un chef-d’œuvre de la littérature haïtienne que tous les jeunes, notamment les jeunes filles, devraient lire. Il révèle les défis rencontrés et montre que face aux échecs, nous devons nous relever et recommencer jusqu’à la victoire finale.

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, honneur et mérite à l’immortelle Saïka CÉUS pour son travail impeccable.

 

Germanie FIEFFÉ