Un dernier samedi du mois consacré à l’éducation
Ce samedi 27 mai, l’actuelle Ambassadrice de PEPA Chasta DOUCHARD a organisé sa cinquième conférence sous les auspices de PEPA Education Agency. Cette dernière a eu lieu en ligne autour du sujet : « En quoi l’école à double vitesse peut-elle ralentir le développement durable d’un pays ? » Pour intervenir sur cette interrogation cruciale, le dévolu a été jeté sur la jeune et brillante éducatrice, Madame Géraldine A. PÉPÉ ; Elle est également la PDG de PEPA Education Agency et lutte activement depuis de nombreuses années pour une école haïtienne plus juste. Parallèlement, la modération de cette séance a été confiée à Madame Jose-Dentha DENOYER, ancienne championne de l’Agence et étudiante en communication.
La toile de fonds de l’intervention de Madame PÉPÉ était tissée sur cinq points fondamentaux : une définition de l’école, l’école à double vitesse et ses caractéristiques, le développement durable, l’impact de l’école à double vitesse sur le développement et quelques mesures à prendre pour réduire l’école à double vitesse et aboutir à une école plus juste.
Généralement, une école désigne un établissement dédié à l’enseignement collectif dans un cadre général ou spécifique. Elle a pour mission de former des citoyens en vue de les rendre aptes à contribuer au développement de la société. La conférencière affirme qu’il existe une étroite corrélation entre le modèle d’éducation adopté et le modèle de citoyens qu’on a dans une société car l’enseignement doit être compatible aux valeurs prônées dans cette dernière. En ce sens, l’intervenante a soulevé sommairement certains malingres qui démangent le système éducatif haïtien : tous les citoyens n’ont pas la chance de fréquenter des écoles dignes de ce nom, les écoles ne répondent pas aux normes d’apprentissages etc…
Une école à double vitesse se reconnait principalement par le fait qu’il y a une totale inégalité des chances et une mauvaise qualité de l’éducation. On observe parfois des classes pléthoriques composées d’une centaine d’élèves, des enseignants sous-qualifiés ; ce qui a amené la conférencière à souligner que l’école est plutôt vue de nos jours comme un business de la part de bon nombre de directeurs. Bien évidemment, cette mentalité ne garantit guère une éducation de bonne qualité car les directeurs étant dans l’incapacité de prémunir leurs établissements d’enseignants calés, faute de moyens adéquats pour les payer correctement, embauchent de jeunes sans formation ou qualification pour enseigner car peu exigeants. L’enseignement est alors rabâché, la formation mal transmise et mal appréhendée. En Haïti, du côté de l’école à double vitesse se range communément les écoles-borlettes. Celles-ci sont fréquentées généralement par les couches défavorisées de la société.
« On ne peut aboutir à un développement communautaire sans passer par le développement personnel car c’est la contribution de chaque individu qui rend possible le développement collectif. » a fait savoir la jeune éducatrice. L’éducation joue un rôle crucial dans le développement de l’individu. De ce fait, si elle est de mauvaise qualité, on aura des citoyens qui s’en remettent toujours aux autres, qui ne pourront pas s’émerger et se rendre utile pour la société. La qualité de l’enseignement est un déterminant non négligeable dans le développement personnel et par la même, a une influence sur le développement communautaire.
C’est à partir de là qu’on comprend que l’école à double vitesse ne fait pas que ralentir le développement mais peut être un obstacle majeur pour lui. Cependant, il y a eu lieu de nuancer que ce n’est pas l’école à double vitesse en elle-même qui ne serait pas le principal problème mais elle est une porte ouverte sur le problème car elle ne prend pas en compte l’égalité des chances qui est crucial pour le développement.
La conférencière a avancé que l’inégalité parait être un phénomène inévitable dans le monde car elle est née à partir de nos différences. Mais qu’il est nécessaire aujourd’hui de lutter pour une égalité des chances pour que chaque citoyen peu importe leur origine ou moyen économique puisse avoir les mêmes possibilités de se réaliser personnellement, d’émerger pour pouvoir contribuer au développement communautaire à l’instar du système éducatif norvégien qui, selon l’intervenante, est le mieux équilibré au monde.
Au terme de son intervention, Madame PÉPÉ a tenu à proposer quelques mesures qui selon elles peuvent aider à réduire l’école à double vitesse pour aboutir à école plus juste en Haïti : d’abord, l’Etat doit intervenir favorablement dans le système éducatif haïtien en prenant des décisions viables. D’autre part, l’école doit se trouver dans un environnement sain, l’école doit être également bien mise en place tant sur le plan matériel qu’intellectuel ; elle doit faire la promotion de la langue maternelle dans l’enseignement et faciliter une bonne orientation aux apprenants pour leur avenir.
Rappelons que PEPA Education Agency qu’elle dirige depuis plus de trois ans offre des services tels que l’Ecole à Domicile, support aux apprenants lourds et des formations pour soutenir le système éducatif haïtien. Cela prouve combien ce combat est noble à ses yeux.
Tout compte fait, cette conférence s’est terminée dans une atmosphère de satisfaction totale. L’ambassadrice lance déjà le prochain rendez-vous pour le dernier samedi du mois de juin.
Wood Jude JEAN
Étudiant en communication sociale, scénariste, poète et écrivain en herbe. Rédacteur de PEPA Education Agency et actuel Directeur Général du Prix PEPA 2023.