Reconnaître sa véritable identité pour se libérer
“Les parties de vous qui «croient» que vous n’êtes pas assez bon ou que vous êtes incapable d’apporter des changements significatifs à votre vie sont les mêmes qui vous poussent à chercher des solutions aux souffrances qu’elles provoquent elles-mêmes.”
C’est en ces mots que l’auteur américain Guy Finley nous propose des réflexions pouvant nous aider à nous défaire de ce qu’on appelle “La codépendance négative”. Celle-ci étant une relation mutuellement destructrice où l’une des parties concernées tolère ou renforce certaines caractéristiques d’une personne pouvant détruire ou limiter sa capacité d’épanouissement.
“Lâcher prise pour vaincre la dépendance” est le titre de cet ouvrage de Guy Finley qui nous incite à nous débarrasser de mauvaises habitudes comme la procrastination et la dépendance en cessant d’adopter une attitude passive vis-à-vis de ces dernières. Par conséquent, l’auteur du best-seller “Lâcher prise” nous invite, dans cette parution, à reconnaître notre véritable identité pour nous libérer de toute forme de dépendance néfaste.
Finley, GUY. Lâcher prise pour vaincre la dépendance. 2014. (p. 14-16)
Osons lire dix pages avec Ambassadrice Chasta DOUCHARD
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La souffrance qui découle de toute relation de codépendance est attribuable à une seule chose: nous avons oublié qui nous sommes réellement. Pourquoi, autrement, cherchons-nous si anxieusement à obtenir l’approbation d’autrui pour mesurer notre propre valeur? Pourquoi sommes-nous si facilement perturbés lorsqu’une personne refuse de nous sourire? Lorsque nous ne savons pas qui nous sommes, nous cherchons à l’apprendre de tout le monde… et de n’importe qui. De fait, sans même en avoir conscience, nous sommes alors définis par le regard d’autrui et devenons prisonniers du consentement tacite que nous accordons à cette image de nous.
Nous avons maintenant découvert la cause principale de toute codépendance, quelle que soit la forme qu’elle puisse prendre: notre vrai moi dort. Cela ne nous laisse que deux choix, si nous désirons rompre nos liens avec la dépendance: soit nous effectuons le travail intérieur qui est nécessaire pour nous éveiller et nous souvenir de qui nous sommes réellement (en cherchant à retrouver notre indépendance naturelle), soit nous continuons à créer et à entretenir des relations factices qui nous maintiennent captifs contre notre gré.
Laissez-moi vous raconter la version abrégée (mais mise à jour) d’une histoire que j’ai écrite dans l’un de mes précédents ouvrages, Lâcher prise, et qui va nous donner la connaissance, les idées et les encouragements dont nous aurons besoin pour poursuivre. Sa fin étonnante offre un éclairage intéressant sur ce que nous devons voir (et commencer à faire) pour nous libérer de toute forme de codépendance douloureuse.
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Durant la Deuxième Guerre mondiale, un navire de la marine marchande qui voguait quelque part au large des côtes africaines fut torpillé par un tir ennemi. L’un des marins parvint à nager jusqu’au rivage, où il se retrouva en territoire occupé. Il savait qu’il devait à tout prix quitter ce nid de vipères pour rentrer chez lui.
Ce marin, le héros de notre histoire, se cacha dans un petit port de pêche où, un jour, en fin d’après-midi, un bateau pétrolier ennemi se glissa pour se ravitailler en carburant. Après un examen rapide de la situation, notre homme comprit que c’était probablement la chance qu’il attendait: ce navire partait pour un port lointain où il pourrait contacter des amis qui œuvraient dans la résistance. Convaincu qu’il serait beaucoup plus sûr pour lui de s’embarquer pour ce port neutre que de rester derrière les lignes ennemies, le marin se faufila à bord une fois la nuit tombée. Il y trouva ce qui lui semblait être une bonne cachette dans l’un des canots de sauvetage recouvert d’une housse de toile.
Plus tard dans la nuit, le pétrolier prit la mer, mais fut bientôt intercepté par un bateau ennemi. Notre héros jeta un œil hors de sa cachette pour voir le drapeau de son pays flotter fièrement en haut du mât du cuirassé qui abordait le pétrolier.
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Quelques instants plus tard, il entendit le tonnerre des canons du cuirassé résonner dans la nuit, alors que celui-ci attaquait le navire sur lequel il se trouvait. Un obus éclata et le pont où il était caché fut complètement détruit. Ne sachant trop que faire ni où aller, le marin dévala quatre à quatre les marches d’un escalier, cherchant refuge à l’étage inférieur. En lieu et place d’un autre étage, il se retrouva les pieds plongés dans l’eau glacée, ce qui signifiait que le navire était sur le point de couler!
Au même moment, le pétrolier fut frappé par une nouvelle volée d’obus; ses lumières clignotèrent, puis s’éteignirent. Partout autour du marin, des gens criaient dans une langue étrangère; alors que la panique s’emparait de lui, il se mit à l’abri dans la première cabine qu’il vit. Soudainement, une autre grosse explosion secoua le pétrolier et envoya le passager clandestin valdinguer dans la cabine. Sa tête heurta le bord d’un lit superposé en métal et il tomba sans connaissance.
Quelques instants plus tard, alors qu’il reprenait lentement ses esprits, il vit des lumières d’urgence rouges clignoter, entendit des sirènes retentir dans l’obscurité de la nuit et sentit une fumée épaisse emplir les couloirs du bateau.
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Notre héros ne savait plus où il se trouvait ni ce qui venait de se passer. Il ne se souvenait plus de rien: un brouillard épais s’était emparé de son esprit. Essayant de faire le point sur sa situation au meilleur de ses capacités, compte tenu de son amnésie temporaire, la première chose qu’il réalisa, c’est que ses vêtements étaient mouillés et glacés. «Vaudrait mieux enfiler quelque chose de plus sec», lui indiqua l’une de ses pensées les plus claires. «Oui, ça semble être la chose à faire», se répondit-il.
Il ouvrit le placard de la cabine obscure et sortit les premiers habits qu’il trouva accrochés sur un cintre. Il s’habilla rapidement, remarquant au passage que ces vêtements lui allaient comme un gant. Pendant ce temps, tout autour de lui résonnaient des cris enjoignant à l’équipage de quitter le navire, dans un crescendo de plus en plus pressant..
Soudain, la génératrice d’urgence se mit en marche et les lumières de la cabine se rallumèrent. Instinctivement, le marin se retourna pour se regarder dans le miroir accroché au mur. C’est alors qu’il réalisa qu’il avait revêtu l’uniforme du capitaine! Tandis qu’il admirait son élégance, dans ce costume bien taillé, il oublia complètement la situation désespérée dans laquelle il se trouvait.
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Cependant, la réalité eut tôt fait de le rattraper (en partie à cause de l’image même qu’il avait admirée un moment plus tôt). Une vague d’anxiété l’envahit, emportant au passage tout sentiment de fierté qu’il avait pu ressentir à la vue de son costume de capitaine. «Oh non!» se dit-il en secouant la tête pour essayer de remettre de l’ordre dans son esprit. Malgré tous ses efforts, une pensée tenace continuait de se frayer un chemin jusqu’à sa conscience. Son cœur se serra lorsqu’il comprit ce qu’impliquait cette prise de conscience nouvelle: “Je dois être le capitaine de ce bateau, ce qui signifie que… j’ai fait le serment de couler avec lui!”.
Heureusement, alors qu’il continuait de se regarder dans le miroir, son amnésie commença à se dissiper. Quelques instants plus tard, l’ensemble de la situation lui revint dans un éclair. Il se rappela sa véritable identité. Quel soulagement! Il n’était pas le capitaine de ce vaisseau condamné, finalement! Riant à voix haute de sa propre folie, il pensa: «Je dois remercier le ciel de n’être pas le capitaine de ce bateau.» Maintenant qu’il avait retrouvé la mémoire, il joignit l’action à la pensée. Rassemblant ses forces, il remonta les escaliers jusqu’au pont, puis plongea dans les eaux glaciales de l’Atlantique. Quelques instants plus tard, il était repêché par ses compatriotes. En moins de temps qu’il n’en fallait pour le demander, il reprenait la route qui le menait à la maison.
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Le sauvetage de l’homme qui avait oublié sa véritable identité nous donne un aperçu d’un point tournant fondamental pour la suite des choses: l’apparition d’une nouvelle possibilité dans nos efforts pour nous libérer. Dans notre histoire, ce moment se produit lorsque notre héros reprend conscience de sa véritable identité et réalise (avec joie) qu’il n’est pas le capitaine du bateau et qu’il n’aura pas à sombrer avec lui! À présent, voyons voir si nous pouvons appliquer cette même idée salvatrice aux endroits de notre vie où nous croyons qu’une relation de codépendance insoupçonnée pourrait nous tirer vers le bas.
Qu’en est-il de ces relations dans lesquelles nous choisissons de demeurer avec un partenaire abusif, de continuer à perpétuer une habitude compulsive ou de justifier, d’une manière ou d’une autre, notre toxicomanie? Dans de pareils cas, comme dans toutes les relations de codépendance, il se peut que nous agissions ainsi parce que quelqu’un nous a dit que c’est ce que font les «bons capitaines»: ils subissent le même sort que celui de leur navire, quelles que soient les conséquences que cela peut avoir sur leur âme.
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Eh bien, voici les choses telles qu’elles sont. Prenez le temps d’accueillir cette vérité, puisqu’elle a le pouvoir de rompre les chaînes de toutes les relations de codépendance qui soient… même si vous avez cru le contraire pendant des années.
Cette horrible sensation de solitude, ce sentiment redouté d’insuffisance, ces pensées inquiètes et angoissées… rien de tout cela, aucune de ces émotions ne représente votre navire! Oui, ces sentiments sont réels, mais les raisons qui les sous-tendent sont mensongères. Seule une forme d’amnésie similaire à celle qui a presque coûté la vie au marin de notre histoire pourrait expliquer que l’on accepte d’être défini par de pareilles idées sombres. Vivre dans un tel état de sommeil spirituel revient un peu à s’identifier inconsciemment à «l’uniforme» que l’on porte à tel ou tel moment de sa vie. Il pourra par exemple s’agir de l’uniforme de:
1- La personne qui est une victime perpétuelle;
2- La personne qui est incapable de s’en sortir;
3- La personne qui est trop faible pour quitter ce qui l’accable;
4- La personne qui demeure dans un endroit qui lui est de toute évidence nuisible parce qu’elle a peur de se retrouver dans un endroit encore pire.
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Peut-être pouvez-vous ajouter quelques autres identités factices à cette liste, mais voici malgré tout la conclusion qui s’impose: dans toutes les relations de codépendance que nous pouvons vivre, nous portons un «uniforme» qui correspond au rôle que nous nous donnons. Chacune des fausses identités que nous choisissons de prendre s’accompagne d’un faux sentiment de responsabilité auquel nous devons nous plier, même si nous savons qu’il nous mènera au bout du compte à l’autodestruction.
Ces rôles familiers, mais complètement inconscients, que nous jouons (et qui naissent des images fausses qui se forment en nous avec le temps) finissent même par avoir le dessus sur le sens commun. Notre intelligence réelle est alors enfouie sous une séduisante impression qui glorifie notre propre importance… Une impression qui est induite en nous par l’identification inconsciente à une personnalité qui n’est pas la nôtre. Une fois que nous nous laissons berner de la sorte, notre histoire (tout comme sa conclusion inévitable) est toute écrite pour nous. Nous devons alors vivre avec la seule conclusion qui s’impose: «Je suis le capitaine, et je dois me comporter comme tel», qu’importe si cela implique que nous devons couler avec le navire!
Nous devons agir comme l’a fait le héros de notre histoire: il s’est échappé d’un mauvais rêve qui avait été causé par un coup à la tête et a pu retrouver sa vraie identité, son vrai moi.
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Pour nous, cela signifie (d’entrée de jeu à tout le moins) que nous devons nous efforcer de prendre conscience de la relation somme toute consensuelle qui met en péril nos intérêts supérieurs.
Si nous devons bien sûr accepter de voir que nous entretenons une relation destructrice avec quelqu’un ou que nous sommes pris dans le cercle vicieux de la toxicomanie, nous devrons avant tout comprendre que nous nous plions aux volontés des autres parce que nous avons peur de ce qu’ils pourraient penser de nous (ou parce que nous nous plongeons dans une forme de désespoir quotidien en nous comparant sans cesse à des personnes qui nous semblent plus heureuses ou accomplies que nous).
La nouvelle compréhension, plus éclairée, dont nous avons besoin pour passer de notre état présent de dépendance à celui d’indépendance est inséparable de la prise de conscience de notre vrai moi.
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Ce n’est qu’une fois que nous serons en sa présence et que nous vivrons en accord avec sa volonté que nous aurons la force de voir la vérité suivante, de nous en souvenir et d’agir en conséquence: toute partie de nous qui accepte un état nuisible comme inévitable en est également la cause… ce qui signifie qu’elle n’est pas le protecteur ou «l’ami dans le besoin» qu’elle prétend être! Cette compréhension nous permettra de voir «l’ennemi intérieur» qui se cache en nous et que nous devrons abandonner une fois pour toutes.
Cela pourrait être difficile dans un premier temps, mais le fait de voir que rien ne s’interpose réellement entre vous et votre volonté d’être libre constitue la première étape qui vous permettra de regagner l’indépendance à laquelle vous aspirez. Les parties de vous qui «croient» que vous n’êtes pas assez bon ou que vous êtes incapable d’apporter des changements significatifs à votre vie sont les mêmes qui vous poussent à chercher des solutions aux souffrances qu’elles provoquent elles-mêmes. Il est temps de cesser de croire aux chimères qui, d’une part, vous disent que vous n’avez d’autre choix que de vivre enfermé dans la cage de la codépendance qu’elles ont créée de toutes pièces, tout en vous indiquant, d’autre part, un «moment» où les conditions seront en place pour que vous puissiez enfin vous en libérer.
Chasta DOUCHARD | Ambassadrice de PEPA Education Agency